L’Habitat ailleurs: Le Nord-Ouest de la Thaïlande

En cette période de rentrée scolaire Arthurimmo.com Le Mag se propose de vous faire partir, ou repartir en voyage avec une série d’articles sur le thème de l’habitat autour du monde. Une nouvelle rubrique logiquement et habilement baptisée L’habitat ailleurs.

Débutons aujourd’hui notre voyage avec un pays qui connaît une fréquentation croissante d’année en année avec plus de 35 millions de visiteurs par an. La Thaïlande.

Un pays dont l’architecture varie énormément selon les régions, son histoire et l’influence des pays limitrophes. C’est un long voyage, de ce fait, nous allons séparer notre visite en deux articles.

Bouclez vos ceintures, atterrissage imminent à Chiang Mai.

Capitale de la province du même nom, surnommée « la Rose du Nord » économiquement et culturellement la ville la plus significative du nord du pays. Elle est le parfait point de départ pour notre visite.

La maison traditionnelle thaïlandaise dans ses généralités

La maison en bois traditionnelle thaïlandaise est une construction ancestrale qui, si elle est entretenue, peut durer très longtemps. Il n’est pas rare en Thaïlande de trouver des maisons érigées il y a plusieurs siècles, depuis presque 600 ans, pour certaines.

De nos jours, la tendance évolue vers des habitations en « dur » ou mixtes : béton/bois.

Attardons-nous ici sur quelques réalisations de type traditionnel, maisons très bien adaptées pour la ville comme pour la campagne.

L’architecture traditionnelle est toujours le résultat de plusieurs composants :

  • Les matériaux
  • Le climat
  • La faune et la flore
  • Le mode de vie
  • Le relief

On peut considérer la maison traditionnelle thaï comme un mélange très étudié d’espaces publics et privés : la terrasse est ouverte et publique, la partie centrale de la maison accueillant les chambres est privée et les portes sont toujours closes ; la véranda est un savant mélange des deux. Le mobilier est traditionnellement réduit au strict nécessaire : des nattes, des tables basses où l’on offrait le bétel à chiquer, quelques étagères, un autel et des coffres, ainsi que les ustensiles de cuisine.

La maison sur pilotis

Dans la région du nord de la Thaïlande, le climat est chaud et humide et la saison des pluies pose un certain nombre de problèmes que l’architecture doit résoudre.

La pluviométrie moyenne pendant la mousson avoisine les 300 mm par mois et l’humidité extrême a poussé les habitants à surélever leurs habitations. Cette méthode présente de nombreux intérêts. Une maison sur pilotis ne nécessite pas de terrassement et s’adapte quasiment à n’importe quel relief et présente l’avantage certain d’isoler des reptiles et autres petites bêtes indésirables. Elle offre un abri aux animaux de ferme, mais également un lieu ombragé idéal pour la sieste durant les heures chaudes de la journée. En ville, cet espace se transforme généralement en garage pour les scooters omniprésents en Thaïlande.

A l’étage, les pièces de vie sont généralement entourées d’une terrasse couverte par une toiture à large débord ; la pièce centrale qui accueille la famille pour la nuit est séparée en plusieurs chambres et peut parfois accueillir la cuisine (bien que celle-ci soit normalement séparée dans un bâtiment connexe évitant ainsi d’amener une chaleur superflue dans la pièce de nuit). En Thaïlande, et comme dans la plupart des pays d’Asie du sud-est, toutes les générations vivent sous le même toit. Ils ont d’ailleurs bien du mal à comprendre notre manière de vivre sur ce plan-là.

Pourquoi vouloir se séparer de nos proches ? 

Il est intéressant de noter que ce mode vie très « famille » se retrouve un peu partout dans les régions subtropicales. Que ce soit en Asie, dans les îles du Pacifique ou encore en Amérique latine les familles ne se séparent jamais. La fuite des enfants est une des particularités incomprises de notre culture occidentale.

A l’étage, les espaces sont séparés et l’intimité est assurée, non pas par des cloisons, mais par des moustiquaires en coton. On y trouve un espace pour les parents et les jeunes enfants, un espace pour la ou les filles mariées et un espace pour les anciens. A côté du lit, un autel des ancêtres et des coffres de rangement pour les vêtements et les biens précieux.

Organisation des pièces

A l’extérieur, des dépendances sont généralement utilisées dans les campagnes pour le stockage et la transformation du riz en farine. Il est intéressant de noter que cet espace est toujours situé à un niveau différent de l’habitation principale pour ne pas contrarier les divinités.

Toutefois, en ville, la tendance tend davantage vers des réalisations plus conventionnelles, souvent de plain-pied et surélevées sur une dalle de béton toujours pour les mêmes raisons de ruissellement des eaux. La disposition des pièces varie elle aussi avec les pièces de vie en bas, et les pièces de nuit à l’étage. Les toilettes sont également intégrées à l’habitation alors que dans les campagnes, on les trouve systématiquement à l’extérieur.

L’architecture traditionnelle en Thaïlande est très riche ; entre les petites maisons de village faites d’un mélange des végétaux environnants et de bois, on trouve aussi d’imposantes bâtisses en teck très cossues ; une large gamme d’habitations enrichit le patrimoine architectural, en particulier dans le nord de la Thaïlande. On note également des différences architecturales entre les régions montagneuses du nord de la Thaïlande très influencés par le style birman, les régions rurales des plaines de l’Issan dans le nord-est du pays ou encore dans le sud du pays et ses îles.

La maison Kalê typique de la région de Chang Mai est probablement le meilleur exemple de l’architecture thaï

Cette maison, typique du nord de la Thaïlande et plus précisément dans la région de Chiang Mai, se distingue par sa toiture, ornée de motifs sculptés sur les rives de pignon croisées se prolongeant au-dessus du toit formant comme deux cornes pointant vers le ciel. Il est impossible de répondre avec exactitude sur ce que représentent ces ornements. Plusieurs hypothèses s’affrontent. Pour les uns, il s’agit d’oiseaux et pour la plupart des habitants du nord, ce sont des corneilles ou des corbeaux. Pour les habitants de Ratchaburi (centre du pays) ce sont des pigeons, et pour d’autres, ce motif serait d’origine Lawa et symboliserait des cornes de buffle, animal très important dans la culture thaï puisque par le passé, un crâne de buffle ornait les maisons des familles importantes. Une dernière hypothèse concernant l’apparition des Kalês viendrait du fait que ces maisons auraient été imposées aux Thaïs après leur défaite face aux Birmans qui les auraient obligés à vivre dans une maison ressemblant à un tombeau birman.

Hormis la présence de Kalê, les principales caractéristiques architecturales de ces bâtis sont l’utilisation d’un seul matériau, le bois de teck de préférence. La plupart du temps, une orientation nord-sud ou amont-aval est pensée comme un système permettant des relations entre l’individu et ce qui l’entoure. L’exposition au sud de la façade et de l’entrée est nettement privilégiée pour les avantages climatiques que cela représente. En saison sèche, les vents dominants viennent du sud et la façade avant, ouverte, laisse passer ces vents.

 

 

La semaine prochaine, nous ferons un petit crochet par les régions rurales de l’Issan, dans le nord-est du pays, avant de rejoindre le sud et ses plages. Nous verrons aussi un point essentiel, peut-être même le plus important, la place prépondérante de la spiritualité dans le choix des terrains et dans l’implantation des bâtis.

 

 

Sawat di khrap

Province de Pai (Nord Ouest de la Thaïlande)

Auteur de l’article : Mickael Cantello

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