L’Habitat Ailleurs: L’architecture japonaise

Les maisons traditionnelles japonaises se nomment « minka » en japonais (民家). Le terme « minka » signifie littéralement « maison du peuple ». On comprend donc que ces habitations n’étaient destinées ni à la noblesse, ni aux religieux, mais aux artisans, marchands et paysans. Ce type d’habitation a fait son apparition sur l’archipel sous l’ère Heian (794 à 1185) et à perduré jusqu’au début de l’ère Meiji (1868 à 1912).

On distingue généralement 2 types de maisons traditionnelles japonaises : les maisons de ville (machiya – 町屋) et les habitats des campagnes (nōka – 農家).

Aspect extérieur

Matériaux :

Les maisons traditionnelles japonaises étant destinées à une population « modeste », les matériaux utilisés sont la plupart du temps d’extraction locale et naturelle : argile, bois, bambou…

Structure :

Que cela soit pour les maisons de ville (machiya – 町屋) ou les habitations campagnardes  (nōka – 農家) on retrouve toujours une même structure porteuse en bois. En effet dans les habitats japonais traditionnels, les murs ne sont, normalement, jamais porteurs.

Le style des « minka » varie bien évidement selon les époques, les régions, la vocation du lieu (ferme, magasin,…), la position et l’aisance sociale de son propriétaire et sa localisation (milieu urbain ou rural).

Il est toutefois possible de distinguer et de regrouper les maisons traditionnelles japonaises en fonction, par exemple, de leur toiture. Toutes les toitures utilisent soit un ensemble de chaume, soit des tuiles. Il est possible de les classer en 3 grandes catégories : 

– toiture « kirizuma » (切妻): toit à 2 pans touchant quasiment le sol formant un angle aigu.

– toiture « yosemune » (寄せ棟): toit à 4 pans formant un angle aigu. Ce type de toiture est essentiellement utilisé pour des maisons situées en milieu rural, les nōka.

– toiture « irimoya » (入母屋): ce type de toit, d’origine chinoise, est plus élaboré. Il a fait son apparition au Japon vers le 6ème siècle en même temps que l’arrivée du bouddhisme. Ceci explique qu’on le rencontre très souvent dans les temples et les sanctuaires. On le retrouve aussi dans les édifices civils ruraux et notamment dans certaines fermes, les nōka. Les toitures irimoya sont à 4 pans avec un pignon surélevé. La surélévation du pignon a pour effet de provoquer une sorte de rupture au niveau des façades avant et arrière.

Design intérieur

L’aménagement intérieur des maisons japonaises diffère selon l’activité poursuivie par son occupant (fermier, marchand, artisan…).

L’entrée dans la maison traditionnelle japonaise « minka » se fait généralement par une large porte en bois nommée « ōdo ».

Les habitations sont généralement divisées en deux espaces de tailles variables.

Le doma (土间), un espace en terre battue, sur lequel sont effectuées la plupart des tâches agricoles (dans le cadre d’une ferme) ainsi que la cuisson des aliments. Cet espace est souvent aménagé d’un four en argile nommé kamado (竈), d’une jarre en terre visant contenir l’eau pour l’usage quotidien, de barils en bois destinés à conserver les aliments et d’un évier en bois.

Le second espace correspond à la partie noble de la maison. Un plancher disposé à environ une cinquantaine de centimètres du sol recouvre l’ensemble de cet espace. Ce « parquet » est souvent recouvert de nattes nommées « mushiro » ou de tatamis.

Cet espace est cloisonné afin de créer différentes pièces. Le nombre de pièces créées dépendait de la position sociale des occupants. Pour définir ces pièces, on utilise des cloisons ou des portes opaques (fusuma – 襖) ou de papier translucide (shōji – 障子).

Au fil des siècles, il devint standard de disposer de quatre pièces d’habitation. On nomme ce type d’agencement yomadori (四間取り). Deux des quatre pièces sont des salles communes. La pièce principale est agrémentée d’un foyer central (irori – 囲炉裏) disposé à même le sol. A noter qu’aucun conduit de cheminée n’existe. Une simple ouverture au niveau de la toiture sert à évacuer les fumées.

Une autre pièce est destinée aux invités, celle-ci est souvent reconnaissable par la présence d’un tokonoma. La pièce du tokonoma est encore très présente aujourd’hui au Japon, même dans les appartements les plus modernes.

Pour les besoins de l’activité commerciale poursuivie, l’agencement des maisons de villes peut varier d’une habitation à une autre. La pièce située à proximité de la rue est dédiée au commerce et sert d’échoppe. Cette pièce se nomme « mise » (店). Un espace de stockage attaché (Kura – 倉) ou séparé (zashiki – 座敷) de la maison peut aussi être édifié. A l’inverse la pièce la plus éloignée de la rue et située près du jardin est destinée à un usage purement familial. La pièce située au milieu est souvent utilisée comme bureau.

Contrairement au « nōka » (fermes), les « machiya » (maison de ville) disposent souvent d’un jardin ou d’une cour intérieure (tsuboniwa) et d’un deuxième étage. C’est cet étage qui accueille alors les chambres et sert par la même occasion d’espace de stockage.

Les maisons traditionnelles japonaises aujourd’hui

Certaines « minka » ont été converties en restaurants, musées, magasins, hôtels… mais, bien heureusement, d’autres sont encore habitées par des familles japonaises.  En revanche, si des maisons traditionnelles subsistent au Japon leur nombre diminue d’année en année. Leur disparition s’explique par le coût du foncier (les habitations sont souvent remplacées en ville par des aires de stationnement ou des immeubles), le coût d’entretien élevé de ce type de bâtisse et les risques naturels liés à la possession d’une maison souffrant des incendies, des intempéries et de l’usure du temps.

Enfin, nombre de ces maisons ont conservé leur apparence, mais sont en réalité reconstruites en béton. On nomme ce phénomène « kanban kenchiku » (看板建築).

Auteur de l’article : Mickael Cantello

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