L’habitat ailleurs: Les différents modèles architecturaux khmers

 

L’habitat traditionnel khmer est généralement composé d’un cadre d’appui reposant sur des fondations individuelles. Aucun renfort ou mur de refend pour renforcer la structure et le toit n’est construit avant même que le revêtement mural ne soit appliqué. L’idée étant de s’adapter aux types de sols, les fondations du bâti s’établissent toujours de la même manière.

 

 

Une excavation relativement profonde, plusieurs poteaux de bois enfoncés dans le sol et recouverts d’une couche de pierres compactées suivie d’une pierre de taille ou une dalle de béton pour établir la base des pilotis.

Des piliers de différentes tailles sont dressés avec des solives horizontales qui constitueront la structure porteuse de la maison, des fondations jusqu’au toit.

Le toit, les piliers, les solives et les chevrons sont liés entre eux pour former une armature censée stabiliser toute la structure.

 

Pour les familles les plus pauvres les vis ne sont que rarement utilisées pour des raisons évidentes de coût et de simples panneaux de palmier sont fixés sur la structure, mais n’ont aucune influence sur la stabilité de la construction. Nous verrons cela en détail un peu plus loin.

 

Les toitures

 

C’est l’élément fondamental qui permet de subdiviser les différentes catégories de l’habitat khmer.

Il existe différents modèles relativement faciles à identifier et ce sont ces derniers qui donneront leur nom à l’ensemble de l’habitat.

Dans les grandes lignes, la maison traditionnelle khmère peut se décliner en plusieurs catégories pouvant se subdiviser en plusieurs sous-modèles plus ou moins complexes selon l’intégration d’éléments tels que le balcon pouvant ainsi modifier la structure initiale de la toiture.

 

Le modèle Ka-Taing

Une toiture à 2 pentes découpée à l’avant et à l’arrière, c’est la construction la plus simple et la plus souvent choisie par les familles les plus pauvres.

 

Cependant, plus la famille commencera à avoir de l’argent, plus ce modèle sera complexe avec l’apparition d’un balcon ou d’une toiture, toujours à double pente, mais non unique mais double et même parfois triple.

Le sous-modèle Phtêah Ka-taing mean Bang-haa est semblable au cas précédent, mais avec un pan incliné couvrant le balcon qui peut se trouver à gauche ou à droite, selon l’orientation variable due aux particularités du terrain.

 

 

Un autre sous-modèle, le Phtêah ka-taing Sla-ab (ailes ou auvent) mean Bang-haa est toujours constitué d’une véranda sur façade couverte par un pan incliné qui prolonge la toiture avant. Il comporte quatre rangées de colonnes de face et cinq de profil. La toiture est double et découpée sur les deux côtés avec des auvents sur toute la longueur de la maison.

 

 

Le dernier sous-modèle Phtêah Peth mean Bang-haa est identique au précédent avec comme particularité un pan incliné qui couvre également l’escalier d’accès.

 

 

Le modèle Phtêah Rong

Le premier comporte aussi traditionnellement quatre rangées de colonnes de face, mais celles de profil peuvent aller au-delà selon les besoins du propriétaire et la toiture n’est troquée que sur la face principale.

Le second, lui, dispose de quatre rangées de colonnes de face et de profil, mais la toiture est tronquée dans le sens de la longueur, à l’avant et à l’arrière.

 

Une caractéristique commune, le pilotis

 

En khmer la maison traditionnelle se nomme Phtêah khpouh srâlah pi dey, la traduction est « maison surélevée de la terre ». Comme nous l’avons vu, que l’on soit riche ou pauvre, toutes les habitations sont construites sur pilotis avec des hauteurs variables selon le risque d’inondation.

 

 

Cependant, même en zone non inondable, la maison khmère sera toujours plus ou moins surélevée pour différentes raisons : empêcher l’accès à une faune indésirable dans un premier temps, mais aussi pour une libre circulation de l’air, la salubrité et le confort général.

 

 

Organisation du logement

 

Il faut distinguer l’espace intérieur, cloisonné, lieu de repos que l’on utilisera la nuit et l’espace extérieur utilisé la journée, mais faisant partie intégrante du logement.

 

 

Comme nous l’avons vu précédemment, cet espace extérieur sera plus ou moins utilisé, voire délaissé, au profit de la partie supérieure selon la classe sociale de la famille ou sa simple relation avec le monde agricole.

 

 

Cet espace extérieur sous pilotis, le Kraôm Phtaêt et principalement utilisé pour l’alimentation et le repos. Un espace sec, facilement accessible également utilisé pour le stockage. On y trouvera parfois une cuisine, bien que généralement située à l’arrière ou sur le côté de la maison, séparée d’elle par une cour ou un passage couvert.

 

 

Le niveau supérieur est accessible par un escalier ou une échelle traditionnellement orientée à l’est. Là où le soleil se lève, rappelant l’origine de la vie.

Cependant selon l’axe sur lequel se développe le village, une rivière ou encore un lac, cette orientation n’est pas toujours respectée, mais on évitera d’orienter son entrée à l’ouest qui est connoté à la mort.

 

 

La taille, le nombre et la disposition varient encore une fois en fonction des ressources de la famille, mais deux pièces restent communes. La salle de séjour, semi-public où l’on reçoit et qui donne sur l’entrée, et la chambre à coucher, d’ordre privé et seulement accessible à la famille.

 

Concernant cette dernière, la plupart du temps, la chambre des parents est séparée de celles des grands enfants.

Elle sert couramment de lieu de stockage des biens familiaux. Pour les plus riches, une pièce supplémentaire sera destinée aux invités. Dans les chambres, la tête de lit ne se trouve jamais à l’ouest pour les raisons évoquées précédemment. Cette direction signifiant la mort.

Un type d’habitat caractéristique à chaque groupe social

Nous l’avons largement développé, mais il est aisé de reconnaître le statut social d’une famille en observant la structure extérieure de la maison.

Les maisons les plus modestes ont des supports de bois quelconques et des parois en feuilles de palmier, ou en bois, emprisonnées entre des fragments de bambou et une couverture en chaume de palmier. Le sol est le plus souvent en claie de bambou, ce sont les modèles de construction les plus simples, les Phteah Ka-taing définies plus haut.

 

 

Ces familles vivent souvent sous le seuil de pauvreté et cherchent avant tout à survivre. Embellir l’habitat n’est pas une priorité d’autant plus qu’elles restent très attachées aux valeurs traditionnelles. Des familles complètement imperméables à l’influence du monde extérieur, sans télévision ou quelque élément de confort.

Pour les revenus moyens, les maisons diffèrent surtout pour les revêtements muraux en lattes de bois et aussi pour la toiture pouvant être composée de carreaux d’argile. Une charpente de bois plus recherchée, généralement travaillée par un menuisier.

 

 

Les individus habitant dans ce type d’habitation possèdent généralement des terres agricoles et produisent assez de riz pour la consommation annuelle de la famille. Ils possèdent quelques animaux de ferme et une ou deux motos. On est donc plus riche ici et l’argent en sus permet entre autres d’améliorer son espace de vie.

Les plus riches, quant à eux, possèdent de nombreux biens, y compris de grandes surfaces agricoles, une voiture, des motos, un moulin à riz et parfois un tracteur.

 

 

Leurs habitations portent à un plus haut niveau toutes les caractéristiques précédentes avec une toiture plus complexe et une couverture de tuiles. Les lattes de bois qui habillent la structure supérieure sont, quant à elles, bien plus fines. Une habitation qui, grâce aux moyens financiers, a su s’embellir en recevant un escalier, des balcons et des cloisons.

 

 

Auteur de l’article : Mickael Cantello

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