L’Habitat ailleurs: La Malaisie (Deuxième partie)

Comme la plupart des autres pays en développement, la Malaisie fait face à un énorme problème de logement. Environ 40% de la population de Kuala Lumpur, capitale du pays, vit dans des taudis ou des bidonvilles.

L’appât du gain et la spéculation ont fait grimper le prix des maisons bien au-delà des moyens financiers de la plupart des Malaisiens. 

La maison traditionnelle est, sous bien des aspects, l’antithèse de la maison moderne typique ; la construction est bon marché, elle fait un usage intensif de la main-d’œuvre plutôt que les capitaux, elle est adaptée aux besoins particuliers de l’occupant et elle tend à mettre l’accent sur la valeur d’utilisation plutôt que sur la valeur marchande.

Une maison qui s’adapte au climat, mais aussi aux besoins de la famille

La ventilation et les dispositifs de régulation thermique, de même que les matériaux de construction à faible capacité thermique, s’inscrivent dans la tradition architecturale.

Comme nous l’avons vu la semaine précédente, la construction d’une maison suit une formule pré-établie. Un peu comme des modules de maison préfabriquée moderne.

La maison malaisienne traditionnelle peut, avec les années, s’agrandir suivant les besoins de ses propriétaires. Il y a 3 types d’ajouts mais il existe un nombre infini de variations quant à la hauteur et la grandeur, et diverses combinaisons de genre et de qualité, selon les besoins de la famille.

La maison malaisienne traditionnelle comporte un certain nombre de dispositifs permettant d’atténuer les effets de l’humidité et de la chaleur. Les maisons ne sont pas alignées en rangées ; la brise peut donc rafraîchir toute l’agglomération. De plus, la vitesse du vent s’accroît avec l’altitude ; la construction sur pilotis tire donc avantage de ce phénomène. Les fenêtres sont protégées par de grandes corniches de toit qui, en plus d’offrir une protection contre les pluies diluviennes, réduisent la réverbération de la lumière.

Pour des raisons religieuses, la plupart des maisons malaisiennes traditionnelles sont orientées vers la Mecque, c’est à dire en direction est-ouest. Cette orientation réduit au minimum les surfaces directement exposées aux rayons du soleil pendant la journée et, par conséquent, la rétention thermique. Cette dernière est réduite encore davantage par l’utilisation de matériaux de construction naturels et légers, à faible capacité thermique. L’intérieur demeure frais grâce aux qualités isolantes du toit d’attap (sorte de chaume).

L’extérieur

En règle générale, le village (kampong) est construit dans un endroit frais et ombragé, avec de nombreux espaces verts. Les voies d’accès ne sont pas pavées et les terrains sont d’une propreté méticuleuse. Il existe peu d’obstacles ou d’obstructions à l’enchaînement des espaces extérieurs. Contrairement aux rues des nouveaux quartiers d’habitation, qui ont tendance à favoriser une certaine ségrégation et une certaine désintégration de l’unité des espaces extérieurs, l’absence de barrière physique dans le kampong permet une adaptation aux besoins particuliers, ce qui est impensable dans l’ordre imposé par les quartiers d’habitation modernes.

Les maisons longues de Malaisie

Il était indispensable d’évoquer ici un modèle architectural malais bien particulier appartenant à l’état du Sarawak sur l’île de Bornéo. Les maisons longues de Malaisie.

Elles sont exclusivement occupées par les populations tribales. Tous les peuples indigènes de la Malaisie ressentent une forte connexion spirituelle à la forêt tropicale. La maison longue est le centre même de la vie communautaire au Sarawak. Il y a plus de 4 500 maisons longues au Sarawak. Ces maisons communales, construites sur pilotis, peuvent contenir jusqu’à 100 familles individuelles séparées en « appartements » et construits sous un long toit.

A l’entrée de la cabane il y a une arche en bois avec des petits paniers en feuilles de palmier suspendus par le haut. Des offrandes, comme quelques pièces de monnaie ou une cigarette, sont parfois mises dans les paniers pour garder les mauvais esprits loin de la maison longue. Du moment où vous entrez dans la maison longue, vous serez traité comme un invité d’honneur. Les visiteurs se verront offrir un verre de tuak (vin de riz). Ensuite, vos hôtes vont commencer à battre les gongs. C’est le signal pour la danse traditionnelle, habituellement le Ngajat. L’inspiration pour les mouvements gracieux des danseurs vient du vol sans effort du calao, l’emblème de Sarawak.

Au cours des dernières décennies, une grande partie de leur forêt a été défrichée par l’exploitation forestière et les plantations des entreprises. Les tribus ont souvent bloqué les routes d’exploitation forestière pour tenter de protéger leur forêt. Dans de nombreuses maisons longues vous trouverez seulement des personnes âgées et des jeunes enfants, donnant un sentiment que toute la communauté est réduite à un passé épuisé, et un avenir incertain. Naturellement, les jeunes générations héritent de leurs riches héritages culturels, mais les traditions sont en train de mourir. Les anciens métiers de construction de bateaux, de maisons longues, du tissage, de la danse, du tatouage, et de l’art indigène sont maintenant en train de mourir rapidement.

Conclusion

Une des principales raisons de l’énorme problème d’habitation dans les pays en développement résulte des prototypes occidentaux choisis pour s’attaquer aux problèmes de logement de la classe pauvre. Ces solutions sont mal adaptées et coûteuses ; elles ne correspondent tout simplement pas aux besoins matériels et sociaux.

Par contre, la maison malaisienne traditionnelle offre un type de logement efficace à la portée des familles, à condition qu’on leur fournisse les ressources nécessaires, soit le terrain, les fonds et la liberté de construire à leur façon. Si une intervention gouvernementale est souhaitable en vue d’apporter des mesures protégeant les droits de jouissance entre autres aspects, par contre, il faudrait éviter l’imposition de normes et règlements qui retireraient aux populations le droit de décider de l’aménagement à faire.

Auteur de l’article : Mickael Cantello

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