L’Habitat ailleurs: L’Altiplano andin

L’Altiplano est un haut plateau de 4000 mètres d’altitude en moyenne situé sur la Cordillère des Andes. Cette chaîne de montagnes, longue de plus de 6000 kilomètres, longe le Pacifique depuis la Colombie jusqu’au sud du Chili.

L’Altiplano, ancien territoire des Incas, se trouve à mi-chemin entre le Pérou et la Bolivie. Ce territoire est aride et balayé par les vents. Le froid est également une donnée importante de son climat. Ainsi se caractérise le climat de l’Altiplano. Dès lors, les matériaux que l’on rencontre sont la terre, la pierre, des végétaux et un peu de bois. On retrouve les mêmes données que dans les pays arides tels que l’Egypte, sauf que cette fois, il s’agit de lutter contre le froid.

Sur l’Altiplano, l’habitat traditionnel est tout d’abord un habitat rural. Celui-ci est entouré d’un mur d’enceinte et comporte plusieurs dépendances. Ces dépendances servent pour la famille, les animaux et le matériel. Le bâtiment central abrite les parents, les bâtisses périphériques servent aux enfants (dans certains cas, aux grands-parents) et pour le matériel.

Les Andins considèrent (comme le faisait les Cambodgiens), qu’il y a plusieurs sphères d’intimité. La première, l’extérieur est la partie publique. Le mur d’enceinte cache la partie semi-publique et enfin, la maison est la partie privée. La cour (l’espace semi-public) permet de recevoir des invités aussi bien pour le travail que pour des moments de détente.

En ville, l’habitat andin est un mélange entre les techniques incas et l’influence hispanique des conquistadors. On se rend compte que dans beaucoup de cas, la terre est toujours utilisée. Ce qui permet une bonne isolation étant donné les propriétés de ce matériau.

Si la principale religion de ces Indiens d’Amérique est le christianisme, il n’en demeure pas moins que les Andins sont restés fidèles à leurs croyances incas. Ces croyances et rites se retrouvent aussi dans la construction. Tout comme les Cambodgiens, les Andins vont rythmer la construction d’une maison par des cérémonies et des prières.

Ils vont bénir la terre, consulter les dieux pour qu’ils les protègent. Ils vont ensuite creuser un trou au pied du poteau central pour y déposer des fruits. C’est un don au dieu de la terre : « La Pachamama ».

Lorsque la première poutre est posée, on y attache un sac rempli d’eau. C’est un don au dieu de l’eau : « La Mamacocha ». Enfin, lorsque le toit est fini, une croix est mise sur le faîtage en reconnaissance du dieu « Illaticci », le dieu du feu et du ciel. Cette unité triple entre ces trois dieux et les éléments qu’ils induisent représente le monde chez les Incas.

Le paysage rural dans l’Altiplano ressemble à celui-ci. Chaque famille a plusieurs bâtisses et les familles sont séparées de plusieurs mètres ou centaines de mètres. L’espace familial se construit autour d’une cour intérieure, entourée d’un mur d’enceinte et de plusieurs dépendances. La maison centrale abrite les parents, les autres servent aux enfants et aux matériels.

Ici, la maison principale est à deux niveaux. Cela est une évolution de la maison traditionnelle andine et permet d’abriter l’ensemble des membres de la famille.

Le toit en chaume est la toiture traditionnelle par définition. Elle permet une bonne isolation thermique à un coût raisonnable. Elle permet aussi d’assurer une bonne ventilation, la fumée s’évacue par le toit, ce qui est essentiel pour éviter les fumées toxiques dans la maison.

Les maisons dans les villages sont plus regroupées, mais la construction se fait toujours en terre avec des toits le plus souvent en tuiles ou en chaume. Au sud de la Bolivie, les maisons ont un toit en terre, en simple pente ou double pentes. Il assure une bonne isolation contre le froid, plus sévère dans cette région de l’Altiplano. La terre repose sur un lit de bois qui repose sur des bois de taille plus importante. Le principe de construction est le même que pour les toitures terrasses rencontrées dans les pays arides chauds.

En ville ou en campagne, les briques de terre que l’on appelle adobe forment les maisons. Elles sont le mélange d’eau, de pailles et de terres. Elles sont fabriquées sur place par les futurs propriétaires, aidés par des voisins et parfois un maçon. En ville, les maisons ont subi l’influence hispanique. Elles sont en terre, avec un toit en tuiles et à étages. Les toitures en tuiles surélevées par des murs en terre, se croisent et se mélangent.

Sur l’île de Taquile (sur le lac Titicaca), certains cabinets de toilettes sont construits selon les méthodes traditionnelles ! Les îles de Los Uros sont un cas particulier de l’habitat andin. Ces îles vieilles de plusieurs millénaires sont artificielles et construites en roseau. Au fur et à mesure, les roseaux du bas se désintègrent et il faut rajouter des roseaux sur le dessus de l’île pour en assurer la résistance.

Les îles de Los Uros sont de moins en moins habitées et servent essentiellement à accueillir les touristes. Les habitations sont également en roseaux, attachés les uns avec les autres. Les panneaux ainsi construits sont joints pour créer les parois. Ces panneaux servent aussi pour la toiture.

Dans l’Altiplano, l’habitat subit les évolutions comme dans le reste du monde. L’utilisation de la tôle, plus coûteuse, a l’inconvénient de mal isoler du froid et transforme le paysage et l’image de l’habitat traditionnel. De plus en plus, les habitants construisent avec des matériaux mixtes : terre-béton-brique. La brique est plus chère et plus confortable. Par conséquent, lorsque les gens souhaitent agrandir leur maison initialement en terre, ils utilisent la brique. La seconde raison est le poids. En effet en construisant en terre et en brique on réduit le poids de la maison ce qui permet de construire sur des sols normalement non-constructibles.

Comme dans tous les pays en voie de développement, l’expansion sauvage des villes existe. Dans l’Altiplano, l’expansion se fait sur les pentes des villes, sur des terrains difficiles d’accès et dans certains cas peu résistants. On assiste alors à des effondrements souvent dramatiques.

Toutefois, certaines évolutions sont bénéfiques. Les panneaux solaires se développent de plus en plus, en ville (sur les toits d’immeubles), comme à la campagne. Ils peuvent être individuels (comme ici sur les îles de Los Uros) ou collectifs.

Enfin, certains architectes ont su développer, tout en utilisant des matériaux traditionnels, des techniques modernes.

Ici, les murs en terre sont précontraints. C’est-à-dire que des câbles passent dans les murs et sont tendus grâce aux bois que l’on voit sur cette façade. Ils améliorent la résistance des murs aux séismes.

Auteur de l’article : Mickael Cantello

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